
La sécurité de votre porte ne dépend pas du nombre de points de votre serrure, mais de la cohérence de l’ensemble : serrure, porte et pose.
- Une serrure A2P* bien posée est souvent plus efficace qu’une A2P*** mal installée.
- Les pênes à crochet offrent une résistance mécanique bien supérieure aux pênes ronds ou aux simples galets de compression.
Recommandation : Analysez votre porte et votre environnement avant de choisir entre 3 et 5 points pour faire un investissement juste et efficace.
L’idée qu’un intrus puisse forcer sa porte d’entrée est une source d’angoisse pour beaucoup. Face à cela, le premier réflexe est souvent de se tourner vers des solutions qui semblent robustes, comme la serrure multipoints. Avec près de 218 000 cambriolages enregistrés en France en 2024, cette préoccupation est plus que légitime. Le marché répond avec une promesse simple : plus il y a de points de fermeture, plus vous êtes en sécurité. On entend alors parler de serrures 3, 5, voire 7 points, de certifications A2P et d’une escalade de la protection qui peut vite devenir coûteuse et complexe.
Pourtant, cette course à l’armement est souvent une mauvaise approche. Elle néglige un principe fondamental : la sécurité d’une porte d’entrée est un système cohérent. La meilleure serrure du monde, si elle est mal posée sur une porte fragile, ne représente qu’une illusion de sécurité. La véritable tranquillité d’esprit ne vient pas de la dépense maximale, mais d’un investissement intelligent. Il s’agit de comprendre comment fonctionne réellement une serrure multipoints, quels sont les éléments qui comptent vraiment et comment faire un choix adapté à sa propre situation, sans tomber dans le piège du « toujours plus ».
Cet article n’est pas un catalogue de produits, mais un guide de raisonnement. Nous allons déconstruire les idées reçues pour vous donner les clés d’un choix pragmatique et efficace. Nous verrons ensemble quand 3 points suffisent, comment les différents types de serrures et de pênes impactent réellement votre sécurité, quelles sont les erreurs d’installation qui annulent tous vos efforts, et enfin, comment lire une certification pour faire un investissement rentable plutôt qu’un achat marketing.
Pour naviguer efficacement à travers ces notions essentielles, voici le plan de notre discussion. Chaque section est conçue pour vous apporter des réponses claires et vous guider vers le meilleur rapport sécurité/prix pour votre domicile.
Sommaire : Le guide complet pour bien choisir votre serrure multipoints
- Serrure 3 points ou 5 points : quand le surplus de sécurité est-il vraiment nécessaire ?
- Serrure multipoints en applique ou à larder : avantages et inconvénients
- Pênes ronds, plats ou à crochet : à quoi servent les différentes formes de pênes ?
- Comment s’assurer qu’une serrure multipoints est compatible avec votre porte ?
- Comment une serrure multipoints déjoue une attaque au pied-de-biche ?
- Serrure multipoints en applique ou à larder : avantages et inconvénients
- Installation d’une serrure 3 points : les erreurs de débutant qui ne pardonnent pas
- Serrure haute sécurité : le guide pour faire un investissement rentable et non un achat marketing
Serrure 3 points ou 5 points : quand le surplus de sécurité est-il vraiment nécessaire ?
La question du nombre de points est souvent le premier dilemme. L’idée reçue est simple : plus il y a de points, plus c’est sécurisé. En réalité, le choix doit être dicté par le contexte et le bon sens. Une serrure 3 points (un point central, un en haut, un en bas) représente déjà un excellent standard de sécurité et constitue le meilleur rapport « tranquillité/prix » pour la grande majorité des logements. C’est la base indispensable pour quiconque souhaite protéger efficacement son entrée contre les attaques en force.
Alors, quand les points supplémentaires deviennent-ils pertinents ? Le passage à une serrure 5 points se justifie principalement dans deux cas. Le premier concerne les portes de très grande hauteur (plus de 2,10 mètres). Les deux points additionnels permettent de mieux répartir les forces sur toute la longueur de la porte, évitant ainsi qu’elle ne se déforme sous une forte pression. Le second cas est lié à l’exposition au risque : une maison isolée, un commerce ou un appartement en rez-de-chaussée dans une zone à forte sinistralité peuvent bénéficier de cette sécurité renforcée. Pour un appartement en étage avec des accès communs déjà sécurisés, investir dans 5 points est souvent superflu. La priorité est d’avoir une serrure fiable et bien répartie, plutôt qu’une multiplication des points de verrouillage qui n’ajoute qu’une complexité mécanique et un coût supplémentaire sans bénéfice réel.
Serrure multipoints en applique ou à larder : avantages et inconvénients
Une fois le nombre de points défini, une autre décision s’impose : le type de pose. Il existe deux grandes familles de serrures multipoints : les serrures en applique et les serrures à larder (ou à encastrer). Le choix n’est pas seulement esthétique, il a des implications pratiques, techniques et financières importantes. La serrure en applique se caractérise par son boîtier et sa tringlerie qui sont fixés sur la face intérieure de la porte. Ils sont donc visibles. La serrure à larder, quant à elle, est entièrement intégrée dans l’épaisseur de la porte, ne laissant apparaître que le cylindre, la poignée et les pênes sur la tranche.

Chaque système a ses propres atouts et contraintes, comme le résume cette analyse comparative. La serrure en applique est la reine de la rénovation : facile à installer sur une porte existante sans l’affaiblir, elle est aussi plus simple à entretenir car son mécanisme est accessible. La serrure à larder, plus discrète, est privilégiée dans le neuf ou lors du remplacement complet de la porte, mais son installation complexe et son coût sont des facteurs à prendre en compte.
| Critère | Serrure en applique | Serrure à larder |
|---|---|---|
| Installation | Facile, idéale en rénovation | Complexe, nécessite usinage |
| Coût de pose | 80-150€ | 120-200€ |
| Maintenance | Accès facile pour réparations | Interventions plus complexes |
| Impact isolation | Aucun pont thermique créé | Risque de pont thermique |
| Esthétique | Visible sur la porte | Intégrée, plus discrète |
Le choix dépendra donc de votre priorité : la simplicité et le coût (applique) ou l’esthétique et la discrétion (à larder), tout en tenant compte de la nature de votre porte et de votre projet (rénovation ou construction neuve).
Pênes ronds, plats ou à crochet : à quoi servent les différentes formes de pênes ?
Souvent négligé par le grand public, le type de pêne est pourtant un élément crucial de la sécurité d’une serrure. Le pêne est la partie mobile en métal qui sort de la serrure pour s’ancrer dans le dormant (le cadre de la porte). Sa forme et sa conception déterminent en grande partie la résistance de la serrure à des attaques mécaniques comme l’arrachement ou le soulèvement au pied-de-biche. Tous les pênes ne se valent pas, et certains, vendus comme des « points de fermeture », n’offrent en réalité aucune protection.
On distingue plusieurs types de pênes. Les pênes ronds ou oblongs sont les plus basiques. Ils offrent une résistance correcte à l’enfoncement, mais sont plus vulnérables à une attaque par soulèvement. Les pênes à crochet, ou pênes basculants, représentent une avancée majeure. En s’ancrant en profondeur dans la gâche du dormant, ils empêchent la porte d’être soulevée ou écartée de son cadre. Des tests en laboratoire sont formels : une porte équipée de pênes à crochet a démontré une résistance supérieure de 80% aux tentatives de soulèvement par rapport à un modèle avec des pênes ronds standards. Certains modèles intègrent même des pênes rotatifs anti-sciage, rendant la tâche des cambrioleurs encore plus ardue.
Il est essentiel de ne pas confondre ces pênes de sécurité avec de simples points de compression. Comme le rappelle le Centre National de Prévention et de Protection :
Les galets de compression, souvent vendus comme des points de fermeture, ne présentent aucune résistance à l’effraction. Ils permettent seulement d’obtenir une bonne étanchéité de la porte.
– Centre National de Prévention et de Protection, Guide certification A2P 2025
Lors du choix de votre serrure, porter attention à la présence de pênes à crochet est un excellent indicateur de la qualité et de la robustesse réelle du produit, bien au-delà du simple nombre de points.
Comment s’assurer qu’une serrure multipoints est compatible avec votre porte ?
Acheter la meilleure serrure multipoints ne sert à rien si elle ne peut pas être installée correctement sur votre porte. La compatibilité est une étape technique mais absolument fondamentale, qui conditionne à la fois la faisabilité de l’installation et l’efficacité de la protection. Une serrure inadaptée peut non seulement être impossible à monter, mais aussi affaiblir la structure de la porte ou créer des points de vulnérabilité. Avant tout achat, une prise de mesures précise est donc indispensable.
Il faut vérifier plusieurs points critiques. L’épaisseur de la porte est le premier facteur, surtout pour une serrure à larder qui nécessite une épaisseur minimale (généralement 40 mm) pour être encastrée. Le sens d’ouverture (poussant droit, poussant gauche, etc.) est également crucial pour commander le bon modèle. D’autres mesures, comme l’axe (distance entre le bord de la porte et le centre du trou du cylindre) et l’entraxe (distance entre le centre de la poignée et le centre du cylindre), doivent être relevées avec soin pour garantir que la nouvelle serrure s’alignera parfaitement avec les perçages existants ou prévus. Enfin, le matériau de la porte (bois, PVC, aluminium) et la solidité du dormant qui accueillera les gâches sont des éléments à ne pas négliger.
Votre feuille de route pour vérifier la compatibilité
- Épaisseur de la porte : Munissez-vous d’un mètre et mesurez l’épaisseur de votre porte. Visez un minimum de 40 mm pour une serrure à encastrer.
- Sens d’ouverture : Placez-vous à l’intérieur. Si les charnières sont à droite et que vous poussez la porte pour sortir, c’est une « poussant droit ». Identifiez votre configuration.
- Mesure de l’axe : Mesurez la distance entre le bord de la porte (la tranche) et le centre du cylindre (le trou de la clé). Les standards sont souvent 40, 50 ou 60 mm.
- Mesure de l’entraxe : Mesurez la distance verticale entre le centre du carré de la poignée et le centre du trou de la clé. La mesure la plus courante en France est de 70 mm.
- Solidité du bâti : Examinez le cadre de la porte (le dormant). Est-il en bois plein, en métal, ou est-ce un matériau creux ? La fixation des gâches doit se faire dans un support solide.
Comment une serrure multipoints déjoue une attaque au pied-de-biche ?
L’un des principaux avantages d’une serrure multipoints est sa capacité à résister aux attaques dites « en force », notamment à l’aide d’un pied-de-biche. Pour comprendre son efficacité, il faut raisonner en termes de physique. Une serrure monopoint classique ne sécurise la porte qu’à un seul endroit, au niveau de la poignée. Un cambrioleur peut donc concentrer toute sa force sur cette unique zone de résistance. En appliquant un effet de levier avec un pied-de-biche, il lui est relativement aisé de faire éclater le bois autour de la gâche ou de tordre le bâti pour faire céder le pêne.
La serrure multipoints change radicalement la donne en appliquant un principe simple : la dispersion des forces. Au lieu d’un seul point d’ancrage, elle en crée au minimum trois (haut, milieu, bas), répartis sur toute la hauteur de la porte. Lorsqu’un cambrioleur tente de forcer la porte, la pression n’est plus concentrée sur une petite zone. Elle est distribuée simultanément sur tous les points d’ancrage. La porte et son cadre forment alors un bloc solidaire, beaucoup plus difficile à déformer.
Étude de cas : la physique de la résistance
Les tests réalisés en laboratoire par des organismes comme le CNPP sont éloquents. Ils montrent qu’une serrure monopoint standard peut céder sous une force localisée d’environ 300 kg. En revanche, pour venir à bout d’une serrure 3 points certifiée, il faut appliquer une force supérieure à 900 kg, et ce, de manière répartie. C’est une performance qui, selon les tests officiels du CNPP, dépasse largement la capacité physique d’un individu, même équipé d’outils. De plus, la résistance dans le temps joue un rôle psychologique : on estime que plus de 80% des cambrioleurs abandonnent leur tentative s’ils ne parviennent pas à ouvrir la porte en moins de 3 minutes.
Cette multiplication des points de résistance transforme une porte standard en une véritable barrière. L’effort nécessaire pour la forcer devient si important et si bruyant que le risque pour le cambrioleur devient dissuasif.
Serrure multipoints en applique ou à larder : avantages et inconvénients
Au-delà des aspects techniques d’installation et de coût, le choix entre une serrure en applique et une serrure à larder doit aussi se faire en fonction de la nature de votre porte et de vos objectifs à long terme. Si votre porte est ancienne, en bois massif mais fine, ou si vous ne souhaitez pas la fragiliser par un usinage important, la serrure en applique est la solution de bon sens. Elle préserve l’intégrité de la porte et constitue une mise à niveau de sécurité rapide et efficace.
En revanche, si vous êtes dans un projet de construction neuve ou si vous changez complètement votre porte pour un bloc-porte blindé, la serrure à larder (ou encastrée) s’impose. Son intégration directe en usine garantit un ajustement parfait et une esthétique épurée. C’est également le choix à privilégier pour les portes modernes en matériaux composites (PVC, aluminium), qui sont conçues dès le départ pour accueillir ce type de mécanisme. Il faut cependant être conscient que toute intervention future sur une serrure à larder sera plus complexe et coûteuse qu’avec un modèle en applique, dont le mécanisme reste facilement accessible pour un serrurier.
Installation d’une serrure 3 points : les erreurs de débutant qui ne pardonnent pas
L’efficacité d’une serrure multipoints ne repose pas uniquement sur sa qualité intrinsèque, mais de manière critique sur la précision de son installation. Une pose approximative peut anéantir tous les bénéfices en matière de sécurité et transformer un investissement coûteux en une passoire. Certaines erreurs, même minimes, ont des conséquences désastreuses et sont malheureusement fréquentes lors d’une installation amateur.
Le point le plus sensible est sans doute l’alignement des gâches. Un décalage de seulement quelques millimètres entre les pênes et leurs logements dans le dormant peut empêcher un verrouillage complet ou, pire, créer un jeu. Ce jeu permet à un cambrioleur d’insérer plus facilement un outil et de faire levier. L’utilisation de vis inadaptées est une autre erreur fatale. Les fabricants fournissent des vis spécifiques en acier traité, conçues pour résister à l’arrachement. Les remplacer par des vis à bois standards revient à créer un point de rupture volontaire. Voici les erreurs les plus critiques à éviter :
- Mauvais alignement des gâches : Un décalage, même de 2mm, entre un pêne et sa gâche compromet l’ancrage et la sécurité.
- Utilisation de vis inadaptées : Ignorer les vis en acier traité fournies par le fabricant au profit de visserie standard fragilise l’ensemble.
- Négligence de la solidité du dormant : Fixer les gâches dans un cadre de porte fragile ou creux sans renfort annule toute résistance à l’enfoncement.
- Mauvais réglage de la course du pêne : Un réglage incorrect peut créer un jeu excessif dans la porte, la rendant « branlante » et vulnérable une fois fermée.
Enfin, un autre point de vigilance concerne la manipulation du cylindre et de la poignée. Le cylindre ne doit jamais être forcé dans son logement. La poignée, quant à elle, doit être positionnée à une hauteur ergonomique, généralement autour de 1,05 m du sol, pour un confort d’utilisation optimal.
À retenir
- La véritable sécurité d’une serrure multipoints ne réside pas dans le nombre de points, mais dans la cohérence de l’ensemble : une serrure adaptée, bien posée, avec des pênes efficaces.
- Les pênes à crochet et la certification A2P sont des indicateurs de résistance bien plus fiables que les simples galets de compression, dont le rôle est limité à l’étanchéité.
- Une mauvaise installation, notamment un mauvais alignement des gâches ou l’utilisation de vis non conformes, peut annuler complètement les bénéfices de la meilleure serrure.
Serrure haute sécurité : le guide pour faire un investissement rentable et non un achat marketing
Lorsque l’on parle de haute sécurité, un sigle revient systématiquement : A2P (Assurance Prévention Protection). Cette certification, délivrée par le CNPP, n’est pas un argument marketing mais un véritable gage de qualité. Elle atteste que la serrure a résisté à une série de tests en laboratoire simulant des tentatives d’effraction par des professionnels. Comprendre cette norme est la clé pour transformer une dépense en un investissement rentable pour votre tranquillité d’esprit.
La certification A2P se décline en trois niveaux, symbolisés par des étoiles. Chaque étoile correspond à un temps de résistance minimum face à un cambrioleur équipé d’outils de plus en plus sophistiqués. Ce n’est pas le temps qu’il faudra à un cambrioleur dans la réalité, mais une mesure comparative fiable de la robustesse. Pour la plupart des particuliers, une serrure A2P* offre déjà un excellent niveau de protection, dissuasif dans la grande majorité des cas. Les niveaux supérieurs sont généralement requis par les assurances pour des biens de grande valeur ou des locaux très exposés.
| Certification | Temps résistance labo | Outils contrés | Prix moyen |
|---|---|---|---|
| A2P* | 5 minutes | Outils manuels simples | 200-400€ |
| A2P** | 10 minutes | Outils perçants, pinces | 400-700€ |
| A2P*** | 15 minutes | Outils électroportatifs | 700-1500€ |
Le coût est bien sûr un facteur important. Il faut considérer l’achat de la serrure et sa pose. Selon une étude de marché récente, le budget total pour une serrure carénée multipoints avec pose par un professionnel se situe généralement entre 380€ et 1800€. L’investissement est conséquent, mais il doit être mis en perspective avec le coût matériel et psychologique d’un cambriolage. Choisir une serrure certifiée A2P, même d’un seul niveau, c’est s’assurer d’un produit dont la résistance a été éprouvée et validée, et c’est souvent le choix le plus rationnel pour sécuriser durablement son domicile.
Pour faire le bon choix, l’étape suivante consiste à évaluer précisément votre porte et votre environnement en utilisant les critères que nous avons vus. Pour valider votre sélection et garantir une installation dans les règles de l’art, n’hésitez pas à demander un diagnostic à un professionnel.